Utiliser le ratio PER pour rapidement évaluer une valeur boursière

Bien que je sois peu actif sur Investir En Actions, cela ne m’empêche pas de vous écrire de temps en temps. Aujourd’hui, je laisse la place à Boris Rieunier du site La Bourse pour les nains qui vous explique comment évaluer une valeur boursière avec le ratio le plus démocratisé aux yeux des particuliers, le PER.

Les investisseurs particuliers et professionnels utilisent souvent le ratio PER pour savoir si la valeur est chère ou pas par rapport à ses bénéfices. Le Price Earnings Ratio qu’on retrouve sous le sigle P/E est aussi appelé en français Ratio Cours sur Bénéfices ou encore Coefficient de Capitalisation des Bénéfices.

Popularisé par Benjamin Graham, surnommé le « Père de l’analyse financière », qui prêchait les vertus de ce ratio qu’il voyait comme le moyen le plus simple et le plus rapide de déterminer si une transaction est réalisée sur un investissement ou une base spéculative. Cette méthodologie offre généralement des explications et mises en lumière grâce à une lecture à la lumière de la croissance de l’entreprise et de son potentiel de gain.

Gardez cependant en tête que le PER ne peut devenir votre seul indicateur pour déterminer si une action est trop chère ou non. Bien que très pratique le PER reste limité pour diverses raisons notamment la difficulté qu’auront la plupart des investisseurs à estimer la croissance future d’une entreprise. Malgré cela, le ratio PER reste un indicateur que vous devez connaître par cœur et utiliser dans votre quotidien d’investisseur.

PER Ratio – Qu’est-ce que c’est et pourquoi les investisseurs s’y intéressent

Avant de pouvoir vous servir du ratio PER dans vos activités de trading, il vous faut déjà comprendre ce que c’est exactement ! Résumez simplement, le ratio PER est le prix qu’un investisseur paie pour 1 € de gain d’une société. En d’autres termes, si une société rapporte des gains par action de 2 € et que l’action se vend 20 €, le ratio PER est de 10 (20€ par action divisé par 2€ de gain par action).

Nous vous conseillons de préférer le BPA (Bénéfice net par action) dilué pour votre calcul du ratio PER. Vous pouvez ainsi prendre en compte une potentielle dilution due à l’exercice de bons ou la conversion d’obligations. C’est particulièrement utile, car dans ce cas si vous inversez le ratio PER vous pouvez calculer le taux de rendement d’une action.

Cela vous permet de comparer plus facilement le retour sur investissement que vous faites d’une société par rapport aux bons, au marché de l’immobilier, etc. Tant que vous êtes rigoureux et que vous faites attention à des phénomènes comme les « value traps », que vous regardez aussi bien vos investissements individuellement qu’en leur globalité sur votre portefeuille, vous devriez pouvoir éviter les bulles et autres mouvements de panique. Le PER et cette méthodologie vous force à regarder « à travers » le marché et à vous concentrer sur la réalité économique de vos investissements.

La bonne nouvelle est que si vous n’êtes pas à l’aise avec le concept la plupart des portails financiers et sites d’analyse financière vous afficheront automatiquement le ratio PER. Une fois le chiffre magique en main vous pourrez commencer à l’exploiter. Vous pourrez différencier une action moyenne qui se vend à prix fort car elle est actuellement surcotée par les analystes d’une une compagnie qui se porte bien mais dont les actions ont plongé car loin des spotlights et mal aimée des chroniqueurs.

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Utilisez à tout prix le PER par rapport au secteur

Il vous faut savoir que les industries et secteurs ont des fourchettes de ratio PER qui sont considérés comme normaux.

Par exemple, les sociétés technologiques se vendent en moyenne à un ratio PER de 20 tandis que les entreprises dans le textile vont généralement tourner autour de 8. Ces différences entre les différents secteurs et industries sont parfaitement acceptables. Leur origine provient principalement du fait que les attentes ne sont pas les mêmes selon les secteurs.

Les sociétés éditrices de logiciels vont se vendre habituellement à un PER plus élevé du fait de leur taux de croissance bien plus élevé ainsi que de leurs plus important ROE (Retour sur capitaux propres). D’un autre côté, les sociétés dans le textile vont se vendre à un ratio PER bien plus faible du fait de perspective de croissance bien plus faibles et de marges elles aussi plus faibles.

Il arrive que la situation s’inverse comme dans la période post récession en 2008-2009 ou les compagnies technologiques ont vu leurs actions échangées à un PER bien plus faible que la plupart des autres secteurs du fait de la peur présente chez la plupart des investisseurs.

Ces derniers voulaient posséder des parts de sociétés manufacturant des produits de premières nécessités comme Procter & Gamble qui fabrique tous types de produit (du savon au shampoing) , Colgate-Palmolive, Coca-Cola, etc.

Il y a un dicton sur le marché international de l’investissement qui résume bien cette situation : « When the going gets tough, the tough buy Nestle. »  Qui se traduit par : « Quand les choses se corsent, les durs achètent du Nestle » qui est une déformation de l’expression populaire « When the going get though, the though get going », c’est-à-dire « Quand les choses se corsent, les durs s’y mettent ».

La référence à Nestlé fait sens puisque la société engrange des profits colossaux quel que soit l’état du marché année après année du fait de ses ramifications gargantuesques dans tous les secteurs de l’agroalimentaire et dans la plupart des pays du monde.

Enfin, une façon de savoir si un secteur ou une industrie est surévalué est d’observer si le ratio PER moyen de toutes les sociétés de ce secteur ou de cette industrie est largement au-dessus du ratio PER habituellement constaté.

Les limites du ratio PER

Souvenez-vous, juste parce qu’une action est peu chère, cela ne signifie pas que vous devez l’acheter. La plupart des investisseurs préfèrent le ratio PEG en lieu et place du PER, car il prend en compte le ratio PER et l’ajuste au taux de croissance et au rendement des dividendes de l’action.

Si vous êtes tenté d’acheter une action parce que le ratio PER semble intéressant, soyez rigoureux sur vos recherches et comprenez en les raisons avant d’investir :

  • Le top management vous semble-t-il honnête ?
  • La société perd-t-elle des clients qui vous semblent essentiels ?
  • Est-ce simplement une situation temporaire de mauvaise gestion ?
  • Est-ce que la faiblesse du prix ou des performances financières provient d’une secousse sur l’intégralité du secteur / de l’économie ou cela vient-il d’une mauvaise nouvelle spécifique à l’entreprise étudiée ?
  • La société entre-t-elle dans un état de déclin ?
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À mesure que vous gagnerez en expérience, vous modifierez progressivement le ratio PER en transformant la composante gain par une mesure du Free Cash Flow (FCF ou flux de trésorerie disponible).

Je vous souhaite d’améliorer grandement vos rendements grâce au ratio PER et je vous remercie d’avoir lu intégralement cette chronique d’introduction au ratio PER.