Que cache le statut quo de la politique monétaire de la FED !

Aujourd’hui, je vous propose un article à caractère exceptionnel sur l’économie américaine et la politique monétaire de sa banque centrale, la FED (ou Réserve Fédérale des États-Unis) en allant à l’essentiel. En effet, cette dernière depuis 2008, a une grande influence sur l’évolution des marchés financiers. Toutefois, je tiens à vous rassurer que les fondamentaux des entreprises priment sur le long terme sur l’investissement en actions car les paramètres économiques et monétaires sont uniquement des catalyseurs pour plaisir aux spéculateurs.

Le consensus avait les gros yeux le 17 septembre 2015 car il attendait impatiemment la décision de Janet Yellen, présidente de la FED sur la fin probable de la politique monétaire à taux zéro afin de confirmer le retour en grâce économique du pays de l’Oncle Sam.

Malheureusement, c’est le statut quo qui a été privilégié sous prétexte qu’il y a des incertitudes au niveau de l’économie mondiale en particulier sur les pays émergents. La sphère financière n’a pas apprécié avec des indices boursiers qui dévissent de nouveau à la baisse. Pour ma part, il y a une face cachée désagréable sur l’économie américaine dont voici les preuves tangibles avec une brève explication sur les objectifs de la politique monétaire de la FED.

Les objectifs de la politique monétaire à taux zéro de la FED

Pour éviter la dépression économique aux États-Unis, la FED a décidé d’assouplir sa politique monétaire en abaissant les taux d’intérêt vers zéro et de faire des quantitatives easing (QE) consistant à racheter les actifs à hauts risques pour maintenir la confiance dans le système financier jusqu’à fin octobre – début novembre 2014.

Dans la sphère réelle, elle a pour objectif de créer un soi-disant effet de richesse pour les ménages américains par l’intermédiaire de la hausse des prix des actions et de l’immobilier qui sont des classes d’actifs financiers majoritaires de leur patrimoine. Lorsque les taux d’intérêt sont à des niveaux bas, cela signifie théoriquement plus de crédit et de consommation.

Cependant, les réels impacts de cette politique monétaire demeurent inconnus car aucun précédent historique existe. Sans se mouiller complètement, les marchés financiers en ont bien profité mais dans la vraie économie, des doutes subsistent fortement.

L’économie américaine en déclin en 9 graphiques

Sans être prétentieux, vous n’avez pas besoin d’un bac+5 ou un doctorat pour comprendre les bases de l’économie car il se suffit à la fois de faire preuve de bon sens et chercher les vraies statistiques qui reflètent au mieux la réalité. D’un autre côté, cela demande de l’investigation personnelle et du temps. Sans manquer de respect, les médias grand public dans ce domaine vous donnent simplement les mauvaises. Par exemple, le PIB et l’inflation ne sont pas respectivement la création de richesse et la hausse des prix.

Pour démontrer concrètement les faiblesses de l’économie américaine malgré un PIB de 3,7 % au second trimestre 2015, voici 9 graphiques tangibles et sans trucage qui vous permettront d’avoir un meilleur jugement.

Un nombre d’Américains en dehors du marché de l’emploi en croissance constante

Un graphique montrant que les Américains sont en dehors du marché de l'emploi

De plus en plus d’Américains sortent du marché de l’emploi. Dans les années 1980 et 1990, les chiffres n’étaient pas encore significatifs car le marché de l’emploi était dynamique à cette époque. Mais depuis l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui, la donne a changé si vous référez aux deux graphiques suivantes.

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Un taux de population active en manque de peps

Un taux de population active aux USA à des plus bas

Le taux de la population active aux pays de l’Oncle Sam a pris deux grosses couches à la baisse en 2001 et surtout en 2008 qui a fait très mal au moral des Américains. Depuis l’après Lehman Brothers, il a toutes les peines du monde la barre des 60 %.

Un taux de participation à des plus-bas historiques

Le taux de participation aux USA au plus bas historique

La plupart des experts économiques vantent le plein emploi aux États-Unis mais il s’est réalisé par une contrepartie de plus en plus inquiétante qui est la baisse du taux de participation (taux de la population en âge de travailler). Ce qui signifie que les Américains ne croient plus à l’avenir et ont surtout perdu leur capacité à rebondir. Enfin, d’un point de vue statistique, le taux de participation sombre à des plus bas similaires à ceux du milieu des années 1970.

Aucune hausse des revenus des ménages

Faible augmentation des revenus des ménages USA

Sur ce graphique, les ménages américains n’ont pas profité de la soi-disant reprise économique. Après avoir vu leur revenu réel médian s’effondrer de 1,7 % de moyenne par an de 2007 jusqu’à 2012, le retour à la normale se fait attendre pour la classe moyenne.

Un effondrement du taux de propriétaires

Effondrement du taux de propriétaires USA

Les prix de l’immobilier ont certes monté mais en termes réels on est encore loin des niveaux de 2007. De plus, cette reprise du secteur semble suspecte en raison de la baisse exponentielle du taux de propriétaires. Sans avoir la preuve formelle, il se peut que ce soient des investisseurs institutionnels ou des fonds d’investissement qui ont participé à cette hausse fantôme.

Les aides alimentaires à des niveaux élevés depuis 2008

Augmentation des aides alimentaires aux USA

L’augmentation en ligne droite des aides alimentaires nous montre clairement que l’éclatement de la bulle des subprimes a mis de nombreux ménages sur le carreau. En proportion de la population américaine, ils sont environ 14,3 % à en bénéficier. Enfin si on veut aller dans le détail, un enfant sur cinq est concerné.

Une dette publique stratosphérique

Une dette publique insoutenable aux USA

Pour éviter une dépression économique similaire à celle des années 1930, le gouvernement des États-Unis avec l’aide de la FED a été contraint d’augmenter les dépenses publiques. L’effet pervers de cette action est que la dette publique a gonflé. Sur une longue période, vivre en permanence à crédit n’est pas un remède mais plutôt un cancer incurable et cela pourrait empirer si la FED monte les taux.

Une vélocité monétaire

Description de la vélocité monétaire

La vélocité monétaire correspond à la vitesse de la circulation de la monnaie dans la sphère économique. S’il est élevé, cela signifie que la confiance règne grâce une bonne conjoncture économique : les ménages dépensent et les entreprises investissent pour développer leur activité. Au niveau monétaire, elle apporte sa contribution à l’inflation. Sur le graphique ci-dessus, c’est le contraire. Du coup, on peut se poser la question de la politique monétaire de la FED. À titre personnel, la somme d’argent déployée par cette dernière a probablement profité à des privilégiés au détriment du peuple.

Une croissance moyenne du PIB qui s’amenuise

Croissance économique des USA

Concernant l’évolution du PIB, ne soyez pas aveuglé par sa croissance. En fait, il est préférable de faire une moyenne tous les dix ans afin d’avoir une idée précise de la vigueur de l’économie américaine. Évidemment, cela n’engage que moi. Mais le moins qu’on puisse dire est que la tendance baissière prime. Entre 2004 et 2014, la croissance est à peine de 1,5 % de moyenne par an alors que la décennie précédente (1994-2004) avoisine 3,3 %.

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Il se peut que les raisons de la faible croissance économique des États-Unis peuvent être structurelles  :

  • Une croissance rapide de la population des plus de 65 ans
  • Les ruptures technologiques diminuant les coûts de production, entrainent des forces déflationnistes. Par exemple, le domaine de l’énergie n’a pas échappé à ce phénomène via le pétrole de schiste et leurs techniques d’extraction.

Contrairement à ce que les médias de masse nous bassinent à longueur de journée, l’économie américaine est grippée et ne tient que par la dette. Heureusement, la plupart de la population américaine croient naïvement que tout va pour le mieux. Avec du recul, les actions de la FED n’ont fait que retarder la débâcle. D’un autre côté, ce ne sera pas la fin du monde mais un ajustement à la normale vers une économie plus saine. Quant à la Bourse, les détracteurs qui prédisent sa suppression, feraient mieux de revoir leurs jugements car elle sert de moyen de financement et des instruments de couverture pour les entreprises cotées.