Si vous avez eu l’occasion de consulter mon portefeuille boursier, vous avez constaté les moins-values conséquentes sur les minières aurifères. À ce titre, je me suis fait piéger par une partie de mes convictions d’investissement sur ce secteur. D’une part, si le prix de l’once d’or montait alors les minières aurifères suivaient mécaniquement. D’autre part, en basant sur cette hypothèse, cela me permettrait d’investir dans le secteur aurifère sans le moindre effort.
Malheureusement, c’était purement une erreur et la performance de mon portefeuille s’est largement dégradée. Du coup, j’ai décidé à mon rythme de comprendre réellement le business model des minières aurifères et de plus, elles sont délaissées par la communauté financière car elle occulte que des entreprises du secteur peut gagner de l’argent même avec des prix de l’once d’or au plus-bas historique depuis les années 2000.
Ce que je n’ai pas pris en compte sur les minières aurifères
Sans aller trop dans les détails, voici les éléments que je n’avais pas vu venir :
- L’or a été manipulé à la fois à la hausse qu’à la baisse par les bullions banks sous la complicité des banques centrales. Dans le cas du pétrole, ce qui se passe ne m’étonne guère.
- Les minières aurifères ont investi à tout-va sans se soucier de leur structure financière lors de la phase haussière du prix de l’once entre 2003 et 2011. Aujourd’hui, elles payent les pots cassés et sont forcées à se restructurer pour revenir à des choses plus raisonnables. Personnellement, je vois une similitude avec la bulle internet à la fin des années 1990.
- La mauvaise appréciation de la corrélation entre le cours des minières aurifère et du prix de l’once d’or.
- Si j’avais pris connaissance à cette époque, de l’analyse technique en particulier de l’indicateur d’Ichimoku, il est facile de dire que je passerais mon chemin.
Maintenant, le mal est fait et il faut se remettre en question pour mieux rebondir.
Faut-il que je vende mes valeurs aurifères ?
S’il fallait le faire, ce serait un an plus tôt ou suite au krach avéré de l’or. Toutefois, je n’exclus pas de faire des arbitrages en particulier sur Barrick Gold dont j’ai été aveuglé par le potentiel de la mine Pascua-Lama ayant une des plus grandes réserves d’or au niveau mondial. De plus, le projet de production est bloqué suite à la décision de la Cour du Chili de l’Environnement en faveur de la population locale qui le critique ouvertement pour des raisons sanitaires. Toutefois, elle commence à générer du cash flow opérationnel grâce son plan stratégique de cession d’actifs non stratégiques et peu rentables mais le niveau de la dette reste élevé.
Par contre, Alamos Gold et Agnico Eagle ont des structures financières solides. La première a fait des acquisitions opportunistes sur Aurico Gold et Carlisle Goldfield spécialisée dans l’exploration et développement (phase amont de production de l’or), malgré la chute du prix de l’once d’or. Cela prouve que l’entreprise a l’ambition de grandir. Quant à la seconde, elle arrive à croître année après année son volume de production d’or permettant d’avoir un solide cash flow opérationnel.
Par ailleurs, les entreprises du secteur aurifère ont procédé depuis plus de deux ans à des plans de restructuration via des économies de coûts opérationnels (suppression de postes, contrôle des investissements) et des cessions d’actifs non stratégiques, et changé leur management pour redonner un nouveau souffle. Dans la plupart des rapports annuels, elles se focalisent sur la rentabilité de leurs projets et le cash flow pour les actionnaires.
Personnellement, je pense que le secteur est proche d’un bas de cycle même si le prix de l’once d’or peut encore baisser. Les premiers effets positifs d’une restructuration commencent à se faire ressentir. En gros, vendre aujourd’hui d’un point de vue fondamentale n’est pas si évident.
Pourquoi ce seront les meilleurs investissements des années à venir ? Je le martèle !
Pour lever le scepticisme des investisseurs, voici les points positifs qui me font dire que cela reste des opportunités d’investissements qui ne se représenteront pas de sitôt. N’oubliez pas que les Rotschild ont tendance à acheter des actifs à des prix bradés dans leur stratégie d’investissement pour faire fortune.
Au niveau sectoriel et boursier
- Étant donné que leur activité est très énergivore et mobilise beaucoup de capitaux, la baisse du prix du pétrole est une aubaine.
- Comme les minières aurifères exploitent partout dans le monde, la dépréciation des devises productrices (dollar canadien, peso mexicain, euro…) face au dollar est un élément positif d’un point de vue comptable dont la communauté financière ne se focalise pas assez.
- Les découvertes de gisements de bonne qualité se font de plus en plus rares.
- Un choc de demande arrivera tôt ou tard avec un large regain d’intérêt des investisseurs particuliers des pays émergents et l’Allemagne et surpassera l’offre. Pour enfoncer le clou, la moitié de la production n’est pas rentable.
- Le bas de cycle sur ce secteur est plus proche de la fin avec les éléments cités dans le précédent paragraphe. Étant donné que le secteur est fragmenté, une consolidation vie des fusions-acquisitions ne serait pas surprenante.
- Les minières aurifères sont les valeurs les plus boudées de la communauté financière avec des cours de Bourse cotées sous ou proche de leur book value (actif net) ou valeur tangible.
Au niveau des catalyseurs macroéconomiques
- L’économie américaine n’est pas si solide qu’il ne le paraît. De plus, la FED a des doutes malgré la hausse des taux d’intérêt avec une classe moyenne qui se rétrécit lentement et sûrement.
- La rupture de confiance des investisseurs envers les banques centrales. Dans ce cas, cela pourrait se traduire par un krach obligataire pouvant cacher le spectre d’une crise monétaire. Par conséquent, les investisseurs ne se réfugieront pas dans le cash du fait que la devise ne vaut plus rien mais dans des actifs tangibles ayant une valeur intrinsèque comme l’or et même le pétrole. Quant aux actions qui sont également des actifs tangibles, vous devrez trouver des entreprises ayant fait leurs preuves durant les différentes périodes sombres de l’histoire économique mondiale même si ce n’est pas une garantie à 100 %.
- Le niveau élevé des dettes des États et agents privés. Faire un cycle de hausse de taux semble suicidaire et dans la pensée des banques centrales, elles sont conscientes que la réelle nature de la crise est d’ordre structurelle et surtout pas cyclique.
- Des banques centrales acheteuses nettes depuis fin 2010. La Russie ne cache pas son jeu, puis la Chine joue un double jeu pour ne pas gaspiller ses cartes en cas de nouvelle crise. L’inclusion du yuan vivement demandée par le FMI en est peut-être une autre.
- L’or n’est pas un si mauvais investissement en cas de déflation profonde. (Source 24h Gold)
- La masse monétaire américaine qui pose question avec l’orgie des Quantitative Easing. Comment la FED peut-elle réduire son bilan sans inquiéter les marchés financiers sachant qu’il y aura probablement peu d’acheteurs étrangers naïfs lorsque les valeurs des obligations d’État US sont élevées ?