Même si le but n’est pas de le prédire, l’hypothèse d’un krach boursier en 2016 au niveau mondial est un pari culotté mais pas impossible. En faisant référence à l’histoire de la Bourse, on ne peut pas y échapper à chaque décennie et en règle générale, c’est un facteur externe dont personne ne peut prévoir.
Certains diront qu’il y a eu 2011 mais à cette époque, les places financières européennes étaient principalement concernées. Dans cet article qui exige un temps de lecture long mais vaut le coup de le lire, il est intéressant de trouver des signes précurseurs tant sur le plan fondamental que technique pour limiter en quelque sorte la casse sur votre portefeuille boursier si le pire scénario devait se réaliser. En conclusion, je terminerais par une note positive pour les investisseurs de long terme.
Une grande divergence comportementale entre l’économie réelle et les marchés financiers
Les médias mainstream nous vantent depuis plusieurs mois la reprise économique dans les pays occidentaux qui s’affirme de plus en plus. En Europe, le marché automobile reprend du poil de la bête et la croissance économique de l’Allemagne reste solide avec 1,7 % en 2015. Aux États-Unis, elle est soi-disant résiliente malgré la contraction de l’activité manufacturière. Quant aux pays émergents, ils se disent que c’est à modérer parce que les entreprises occidentales vont réinvestir localement. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Même si l’économie réelle va soi-disant mieux qu’auparavant, les médias mainstream s’étonnent que les marchés financiers prennent le chemin inverse. En effet, les intervenants de marché l’ont déjà anticipé depuis un bon moment. Enfin, vous remarquerez que malgré le Quantitative Easing de la BCE (Banque Centrale Européenne), les indices boursiers ont poursuivi leur baisse.
Le pétrole de schiste américain : Des canards boiteux sur le point de tomber
Le boom du pétrole de schiste américain s’est développé par l’abondance de crédit à tout-va par la FED (Banque Centrale des Etats-Unis). Cette nouvelle ruée vers l’or allait permettre aux États-Unis d’atteindre l’indépendance énergétique. Néanmoins, il reste le premier importateur mondial de pétrole.
Pour extraire le pétrole de schiste bloqué par la roche mère en grande profondeur, on fait appel à la méthode de fracturation hydraulique généralement associée à un forage horizontal dans le but d’économiser les coûts de production. Elle consiste à administrer un fluide composé d’eau, de sable et d’additifs chimiques à haute pression avec l’objectif de fracturer la roche non poreuse où se trouve le pétrole de schiste. Pour que ça soit rentable, un baril entre 50-80 $ est nécessaire.
À l’heure où j’écris, il est proche de 30 $. Ce qui veut dire que les entreprises du secteur produisent à perte pour rembourser leurs échéances et sauver leur apparence. Pour enfoncer le clou, un tiers d’entre eux risquent de mettre la clé sous la porte et le business du schiste concerne également le système financier dont les intervenants de marché sous-estiment les possibles conséquences sur le financement de l’économie américaine. Ainsi, il se peut que l’éclatement de la bulle du pétrole de schiste soit le principal facteur déclencheur du prochain krach boursier.
Les problèmes de la Chine sont ceux des États-Unis
Sachant que le yuan va faire son entrée dans les DTS (Droits de Tirage Spéciaux) au 1er octobre 2016, la logique voudrait que la Chine mette fin à son taux de change fixe face au dollar. Malheureusement, la POBC (Banque Centrale de Chine) en collaboration avec le gouvernement l’a fait en catimini en août 2015 sans faire une annonce officielle, puis a dévalué sa devise. Personnellement, c’est cette nouvelle plutôt que le ralentissement économique qui a pris à contre-pied les intervenants de marché.
En analysant les différentes dépréciations du yuan face au dollar, on constate que l’ensemble des places financières vacille. Quant au krach boursier local, j’avoue qu’il faut relativiser. D’une part, la Bourse de Shanghai et Shenzhen représentent uniquement 1 % de la capitalisation boursière mondiale. D’autre part, la majorité des investisseurs sont des particuliers.
Tout ce qui se trame en Chine inquiète naturellement les États-Unis parce qu’elle est le premier détenteur de leurs T-Bonds (Bons du trésor américain). De plus, le fait que le yuan sera inclus dans les DTS, signifie que la Chine aura moins besoin du dollar à moyen-long terme. En étant vendeur net de T-Bonds tout en dévaluant le yuan, la Chine est le nouveau maître des jeux en piégeant la FED à son propre jeu. Avec un bilan monstrueux d’environ 4500 Md$, tout le monde se demande comment elle va le réduire sans mettre en danger l’avenir des États-Unis.
Des indices boursiers américains surévalués
Pour savoir si Wall Street est surévalué ou pas, il y a deux ratios à suivre. Le premier est le Shiller PE ayant l’avantage d’éliminer les imperfections du PER classique sur un cycle économique. Le second est la capitalisation boursière totale / PIB USA dont Warren Buffett considère que c’est le meilleur indicateur.
Au 15 janvier 2016, le Shiller PE du S&P 500 est au-dessus de sa moyenne historique tandis que la capitalisation boursière totale / PIB USA est à 107,1. En référence respectivement au graphique et tableau, les indices boursiers américains sont bien surévalués.
Analyse technique du CAC 40 et S&P 500 : Un cycle baissier qui commence à s’affirmer
CAC 40 : Un petit espoir ?
L’indice parisien en données hebdomadaires montre des signes de faiblesse. Premièrement, les points hauts sont de plus en plus bas depuis l’été 2015. Deuxièmement, il a cassé une première ligne de tendance haussière datant de l’été 2012 et pourrait se diriger vers le support à 4000-4060 points. Néanmoins, il y a un léger espoir car les composantes de l’Ichimoku ne donnent pas complètement un biais baissier avec la Chikou Span (courbe verte évoluant de manière retardée à la même variation que celle l’indice) qui est légèrement au-dessus du nuage bleuâtre. Enfin, le RSI reste en dessous de sa zone de neutralité à 50-55.
S&P 500 : Au bord de la rupture !
Au contraire du CAC 40, les composantes de l’Ichimoku indiquent clairement que l’indice américain en données hebdomadaires est entré dans un cycle baissier avec le cours et la Chikou Span en dessous du nuage. Pour s’assurer de la confirmation, le support 1875-1885 doit être cassé. Quant au RSI, il est sorti de son canal horizontal à 45-55 à la baisse. Les semaines à venir seront déterminantes pour l’évolution du S&P 500 au courant de l’année 2016. Pour cela, il faudra surveiller la Chine dont la dévaluation de sa devise n’est qu’à ses débuts.
Le krach boursier : Une opportunité unique pour les investisseurs de long terme
Si le cycle baissier se confirme, cela se termine généralement par un krach boursier. Les médias et les professionnels de la finance seront impuissants et feront que constater les dégâts. Toutefois, la peur régnant sur les marchés financiers est un bon facteur à exploiter intelligemment pour les investisseurs de long terme qui lorgne depuis des années sur des entreprises de belle qualité. Voyant leur cours prendre une belle gamelle, cela pourrait une opportunité d’achat à bon compte. De ce fait, il est préférable de privilégier des entreprises ayant surmonté les différentes crises économiques et financières.