Le cours du pétrole que ce soit le Brent et le WTI, continue à boire le calice depuis la deuxième moitié de l’année 2014. D’un point de vue technique, rien ne l’empêche d’aller encore plus bas et les vendeurs à découvert ont la mainmise. Au-delà d’être un instrument financier pour spéculer, cela reste un actif tangible dont le prix est régi par la loi offre/demande. Afin de comprendre la baisse du prix du pétrole, voici 5 images qui pourraient forger de manière objective votre opinion.
Hausse de la production de pétrole aux États-Unis
Malgré la baisse avérée du nombre de forages au cours de l’année 2015, les entreprises du secteur continuent à produire à perte pour honorer leurs engagements vis-à-vis des banques. L’effondrement du cours du pétrole s’explique par l’augmentation rapide de la production américaine de pétrole lors des deux premiers trimestres 2015.
Le cours du pétrole en dessous du breakeven price des pays producteurs
Pour réellement comprendre la baisse du prix du pétrole, il faut regarder du coté du royaume. Plutôt de réduire son quota de production, l’Arabie Saoudite a privilégié la défense de ses parts de marché dans le but de mettre à mal le business du pétrole de schiste américain et freiner l’Iran sans attendre la levée progressive de l’embargo sur le nucléaire. Un an et demi plus tard, elle a gagné en partie son pari. Toutefois, son déficit budgétaire s’aggrave et pourrait atteindre le niveau de 20 % du PIB si le royaume s’entête dans cette stratégie.
En effet, le breakeven oil price qui est le prix nécessaire pour couvrir les dépenses gouvernementales, nous montre que les pays de l’OPEP et la Russie sont perdants. Par conséquent, la baisse du prix du pétrole les a contraint à faire des économies sur leur budget. Par exemple, la Russie a prévu pour cette année, une réduction de ses dépenses sociales.
La baisse du prix du pétrole ne fait pas les affaires du schiste américain
Si vous cherchez à vous rassurer sur le business du pétrole de schiste américain, c’est raté. Les deux bassins principaux, Eagle Ford (Texas) et Bakken (Dakota du Nord) ne sont pas profitables pour combler les coûts de production.
Selon mes investigations, la vraie hécatombe aux États-Unis n’a pas encore eu lieu parce que les entreprises de schiste lourdement endettées persistent à produire à perte pour sauver leurs apparences et espèrent une remontée durable du prix du pétrole. Dans le cas où la situation s’aggrave, le système bancaire pourrait s’en inquiéter avec de possibles dépréciations d’actifs en cas de non-remboursement des prêts.
Enfin, la logique voudrait que des majors ramassent à la casse les entreprises de schiste. Cependant, j’en doute parce que la fracturation hydraulique est une technologie d’extraction très coûteuse en énergie et comporte des risques sur le plan environnemental qui sont sous-estimés. En outre, elles ne veulent pas être mêlées à un scandale écologique à l’image de l’explosion du Deepwater Horizon afin de ne pas perdre la confiance vis-à-vis des actionnaires.
Iran vs Arabie Saoudite : Un nouveau match pétrolier ?

Le fait que l’Iran revient durablement sur le marché du pétrole suite à la levée progressive de l’embargo sur le nucléaire iranien n’est pas un problème majeur pour l’Arabie Saoudite dans sa quête de parts de marché. Néanmoins, le royaume craint pour sa suprématie régionale. La carte de la répartition de la population musulmane nous montre clairement que les frontières sont mal définies en ne prenant pas en compte l’histoire des peuples. Ainsi, il ne faut pas s’étonner que des zones de tension se créent.
Ayant toujours l’ambition d’imposer son influence régionale, l’Iran tente d’encercler son rival avec le Nord Ouest du Yémen, le soutien à Bachar Al Assad en Syrie et une partie du Liban. Sans oublier le Bahreïn et l’Irak avec un gouvernement pro-chiite.
Pour enfoncer le clou, les pays du Moyen-Orient ont réduit drastiquement leurs dépenses budgétaires. Dans le cas où la baisse du prix du pétrole s’accentue, cela pourrait provoquer un nouveau printemps arabe.
Bien comprendre la baisse du prix du pétrole avec l’effondrement du cours de l’action Marathon Oil
Les compartiments du secteur pétrole et gaz qui souffrent sensiblement de la baisse du prix du pétrole, sont les explorateurs et les parapétrolières. Pour constater les dégâts, voici l’analyse technique de Marathon Oil, pionnier du boom du pétrole de schiste américain.
La tendance est clairement baissière en données hebdomadaires avec une confirmation des composantes de l’Ichimoku et un RSI en dessous de la zone de neutralité. Le plus démoralisant est qu’un simple rebond technique de quelques mois ne remettrait pas en cause la tendance de fond.
Fondamentalement, Marathon Oil avait scrupuleusement tous les éléments pour voir son cours de Bourse se faire massacrer :
- Exposition du pétrole de schiste américain et sable bitumeux au Canada
- Présence opérationnelle dans des zones géographiques sinistrées comme la Libye et le Kurdistan
- Possible dégradation de son rating par les agences de notation
Bien comprendre la baisse du prix du pétrole entre les lignes
- Le choc d’offre est la raison principale de la chute du prix du pétrole. Cependant, je ne suis pas convaincu que l’offre soit plus excessive que la demande.
- Certains détracteurs disent que la Chine est également responsable de la baisse du prix du pétrole. Pourtant, ils feraient mieux de regarder cette étude de l’EIA.
- Est-elle concrètement bonne pour le pouvoir d’achat des ménages occidentaux ? Cela reste à voir du côté américain parce que les salaires en termes réels n’augmentent pas significativement.
- L’indépendance énergétique des États-Unis est-elle viable sur le long terme ? L’évolution des importations du pétrole en provenance d’Arabie Saoudite reste à des niveaux élevés.
- Est-ce le bon moment de s’intéresser aux actions du pétrole et gaz ? Le stock picking s’imposera et à ce titre, il est préférable d’éviter les entreprises du secteur très exposées sur le sol américain et n’oubliez pas le pétrole est un actif tangible ayant une valeur intrinsèque. En toute transparence, j’ai fait un achat à bon compte sur une des majors européennes dont le nom sera dévoilé lors de la prochaine mise à jour de mon portefeuille actions.