Une énième fois, Air France déçoit de nouveau en Bourse. La publication du premier trimestre 2018 s’est soldée par des pertes. L’impact des grèves y est pour beaucoup. Dans l’état d’esprit des investisseurs institutionnels, cela devient une habitude et ils préfèrent rester à l’écart. Pour ne rien arranger, le dossier est hautement politique avec les incertitudes que cela comporte sur l’avenir de la compagnie aérienne.
Prendre les grèves comme bouc émissaire de la baisse du cours de l’action Air-France sur une longue période est justifié mais un peu lâche. Le problème d’Air France vient également de leur cœur de business. C’est à se demander si la compagnie aérienne est un puits sans fond pour les investisseurs particuliers. Des pièces à convictions le confirment net et sans bavure.
Une performance boursière qui ne donne pas envie d’investir
Depuis son introduction en Bourse en 1997 vers 7,2 €, le cours d’Air France est pratiquement revenu au point de départ. Il a dégringolé depuis ses plus-hauts historiques de juin 2007 jusqu’à 92 %. Les grèves à répétition annihilent le brin d’espoir que la compagnie aérienne puisse voler de ses propre ailes.
La moindre des choses venant d’une entreprise cotée en Bourse est de communiquer aux actionnaires une vision stratégique à leurs actionnaires. Apparemment depuis plusieurs décennies, ce n’est pas le cas. Une nouvelle fois, les grèves à répétition viennent froisser les actionnaires.
Aucun dividende versé depuis l’exercice 2007
Si les investisseurs institutionnels n’ont plus d’intérêt sur l’action Air France, c’est qu’elle ne s’est pas remise complètement de la crise financière de 2008. A l’époque, elle a dû se résoudre de supprimer le dividende pour s’assurer de sa santé financière. Depuis, la compagnie aérienne n’a plus versé le moindre centime.

C’est la preuve même qu’Air France ne parvient pas être profitable et rentable sur le long terme. Elle est forcée de brûler de la trésorerie et s’endetter pour survivre. Ajoutez à cela une instabilité du management au sein de l’entreprise qui empêche de prendre des décisions fortes pour résoudre rapidement leurs problèmes. L’addition est déjà lourde. Tôt ou tard, l’avenir boursière se posera.
Un secteur aérien hyper-concurrentiel
En plus d’être engluée dans ses affaires de grèves, Air France évolue dans un milieu de plus en plus concurrentiel. Les compagnies low cost comme Ryanair ou EasyJet qui ajustent les coûts par le bas pour attirer une large clientèle. Sur le long-courrier, elle doit faire face aux compagnies du Golfe qui possèdent de gros moyens financiers pour parvenir à leurs fins.
Avec un niveau d’endettement qui dépasse nettement ses capitaux propres et sept années dans le rouge sur les dix dernières années, Air France doit courir après la concurrence. Cela implique de nouveaux investissements qui mettront du temps à porter ses fruits. Malheureusement, comme l’histoire des grèves se répète, l’entreprise risque de ne pas tenir ses promesses.
La rentabilité des compagnies aériennes sont également à la merci d’une remontée violente du cours du pétrole même si elles prennent le soin de prendre des couvertures. Le pétrole représente un quart de leurs coûts fixes.
Air France : Une action et un business difficiles à appréhender
Tant que l’entreprise ne fait que repousser le problème des grèves, elle deviendra lentement et sûrement une compagnie aérienne de seconde zone. Le fait que l’État est le premier actionnaire n’arrange pas ses affaires. Sans une amélioration de sa rentabilité, son avenir boursier se posera tôt ou tard.